Tout savoir sur les kilos émotionnels
01 avril 2021
En influençant nos comportements face à l’assiette, les émotions pèsent aussi dans la balance des anxieux et des compulsifs. Zoom sur les kilos émotionnels.
Se venger sur l’assiette pour atténuer son stress ou sa tristesse, arrêter de penser, ne pas se confronter à la réalité, sans même que cela soit toujours conscient. Certains d’entre nous ne sont pas étrangers à ce comportement entraînant l’apparition des kilos dits émotionnels.
Malgré des efforts fournis pour perdre du poids, « ces kilos en surplus refusent de se détacher de vous ou bien, quand ils y parviennent, n’ont de cesse de revenir, et parfois plus nombreux encore », explique le psychiatre Stéphane Clerget. D’ailleurs, « une mauvaise régulation des émotions peut induire des variations de poids sans qu’il existe de véritables excès alimentaires ou des troubles du comportement alimentaire. »
Hormones, éducation et souvenirs d’enfance
Face à l’assiette, des mécanismes de « consolation » et de « pulsion orale » entrent en ligne de compte. Comment l’expliquer ? Par le pouvoir de nos émotions présentes, capables d’influer sur la sécrétion des neuromédiateurs impliqués dans l’appétit et le plaisir*. Dans le cerveau, nos comportements alimentaires sont entre autres régis par le système limbique et l’hippocampe, centres des émotions et de la mémoire. « C’est ce qui explique que nos émotions passées, de notre vécu infantile notamment, jouent un rôle dans la prise de poids émotionnelle », décrit le Dr Clerget. « L’éducation, et plus précisément l’apprentissage de la gestion des émotions, les habitudes alimentaires pendant l’enfance et le rapport à l’excès, à la surconsommation » peuvent faire le lit de ces kilos.
Parler, bouger
Pour vous libérer de cette surcharge émotionnelle, voici les conseils du Dr Clerget :
- Ne pas se priver à table: « les régimes n’ont pas de prise sur les kilos émotionnels, au contraire ils les accroissent ». Et à force, « les restrictions alimentaires créent des frustrations et provoquent une mauvaise perception du sentiment de faim » ;
- Apprenez à manger quand vous avez vraiment faim uniquement. « Pour vous détourner de l’absorption réflexe de nourriture, faîtes une liste d’activités », à sortir dès que vous vous sentez en proie à une pulsion alimentaire ;
- « Identifiez vos émotions négatives», les plus difficiles à cerner tant elles peuvent remonter à loin et s’exprimer de façon ambivalente (la colère quand vous avez peur, le sourire quand vous êtes triste…) Définissez votre émotion négative avec un seul adjectif. Au calme, « essayez de la ressentir expérimentalement en vous imaginant dans des situations susceptibles de la produire : observez ensuite ce que vous éprouvez, l’attitude que cette émotion suscite. » Vous pourrez ensuite repérer la ou les situations dans lesquelles l’alimentation vient absorber vos secousses émotionnelles ;
- Consulter un psychologue ou un psychiatre pour démêler les nœuds du passé. Ou suivez une thérapie comportementale et cognitive pour apprendre à manger de façon apaisée ;
- Faites du sport, défoulement essentiel à l’équilibre physique comme psychique. Pour stimuler le lien corps-esprit, la méditation, le yoga, l’acupuncture, le shiatsu peuvent aussi être de précieux alliés. « On est ce que l’on ressent», conclut le Dr Clerget.
*dopamine, sérotonine, galanine
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Source : : « Les kilos émotionnels - Comment s'en libérer sans régime ni médicaments », Stéphane Clerget, Edition LGF/Livre de Poche, 285 pages, 7,40 euros
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet