Ebola fait le lit de la rougeole

13 mars 2015

L’épidémie d’Ebola qui dure depuis plus d’un an pourrait bien avoir des conséquences en cascade sur les trois pays les plus touchés. La chute de la couverture vaccinale contre les autres maladies infectieuses comme la rougeole, la poliomyélite ou l’hépatite B, a considérablement réduit la protection de la population. Mal protégée, celle-ci est exposée à d’autres épidémies meurtrières.

Une équipe de la Johns Hopkins University Bloomberg School of Public Health à Baltimore (Etats-Unis) a effectué des calculs pour évaluer l’impact d’une potentielle épidémie de rougeole en Guinée, au Libéria et en Sierra Léone. Les résultats sont effrayants. Avant l’épidémie d’Ebola, le nombre d’enfants entre 9 mois et 5 ans non vaccinés contre la rougeole était estimé à 778 000. Soit 4% de la population totale. Aujourd’hui, ces chiffres ont flambé. Le nombre de petits non immunisés s’élèverait à 1,129 million, soit une augmentation de 45% !

Une poudrière sanitaire

Si une épidémie de rougeole venait à se déclencher, « le nombre de cas pourrait atteindre 227 000 », préviennent les auteurs. Soit 100 000 de plus qu’avant Ebola. Au total, « entre 2 000 et 16 000 décès supplémentaires dus à la rougeole (par rapport au risque évalué avant Ebola n.d.l.r.) pourraient survenir dans le cadre d’une telle épidémie. »

La rougeole, maladie particulièrement contagieuse et potentiellement mortelle, est un exemple éloquent. Mais les chercheurs soulignent que le risque subsiste pour d’autres maladies infectieuses, pour lesquelles il existe pourtant des vaccins. La poliomyélite, la tuberculose, la pneumonie, le tétanos et l’hépatite B en font partie. « Le nombre d’enfants ne recevant pas ces vaccins dans la région s’élèverait à 600 000 ou 700 000 », estiment les auteurs.

« Ces pays, qui avaient pourtant réussi à intensifier la lutte contre ces maladies, risquent de régresser fortement en la matière », avertissent-ils. Avant de suggérer aux gouvernements et aux ONG de mobiliser rapidement des ressources afin de relancer les programmes de vaccination.

  • Source : Johns Hopkins University Bloomberg School of Public Health, 12 mars 2015

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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