Le cœur des femmes souffre toujours

06 juin 2013

Les femmes fument de plus en plus. ©Phovoir

Depuis 15 ans, la mortalité par infarctus du myocarde a diminué de deux tiers en France. Voilà une bonne nouvelle qui malheureusement ne concerne pas tout le monde ! La proportion de femmes jeunes (c’est-à-dire de moins de 60 ans) victimes de cet accident cardiovasculaire a considérablement augmenté. Même constat en matière d’accident vasculaire cérébral (AVC). Des facteurs de risques comportementaux sont pointés du doigt par les experts.

En 2010, les femmes de moins de 60 ans représentaient 25,5% des hospitalisations féminines pour infarctus du myocarde. En 1995, cette proportion était de 11,8%. Cette évolution majeure s’explique notamment par des changements de modes de vie au cours de ces 15 années. Ainsi, entre 1995 et 2010, la proportion de fumeuses de moins de 60 ans est passée de 40% à 70%. Le pourcentage d’obèses a également progressé, passant de 18% à 30%.

Cette évolution contraste avec celle, plus vertueuse, des hommes. Chez ces derniers, on a pu observer une réduction significative de l’hypertension artérielle et du tabagisme, malgré une absence de changement en matière de poids.

Et la pilule dans tout ça ?

Plus fréquents encore que les infarctus du myocarde chez les femmes jeunes : les AVC. Ce constat ne se limite pas à la France. Une vaste étude épidémiologique danoise a été réalisée, sur une période de 15 ans, chez 1,6 million de femmes de 15 à 49 ans. Sur cette période, 3 311 AVC ischémiques et 1 725 infarctus du myocarde ont été enregistrés. Les facteurs de risque associés se sont révélés être l’âge, ainsi que le diabète, l’hypertension, une dyslipidémie et le tabagisme.

Un autre facteur apparaît dans cette étude : la prise de contraceptifs estro-progestatifs à long terme serait corrélée à un risque d’événement cardiovasculaire. La prudence s’impose dans le choix de la modalité contraceptive chez les femmes ayant des facteurs de risque. Le premier d’entre eux étant l’avancée en âge. Mais il ne faut surtout pas négliger le tabagisme, l’obésité et l’hypertension artérielle.

En outre, comme l’impact des estro-progestatifs sur la pression artérielle peut apparaître plusieurs mois, voire des années après l’instauration du traitement, il est fondamental de la contrôler régulièrement. Enfin, dès qu’une hypertension apparaît, le prescripteur doit proposer un autre type de contraception.

Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : Revues Cardiologie Pratique et Gynécologie Pratique, 16 avril 2013

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