Santé des femmes : un test sanguin pour prédire un accident cardiovasculaire avec 30 ans d’avance
04 septembre 2024
Selon une étude présentée lors du Congrès de la société européenne de cardiologie, les risques de maladies cardiovasculaires pourraient être prédits chez les femmes 30 ans en amont. La méthode : le dosage du « mauvais » cholestérol, des lipoprotéines et de la protéine C-réactive. Explications.
Prédire un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un accident cardiaque qui pourrait se produire des décennies est plus tard, c’est possible ? Une récente étude démontre que le dosage de deux types de graisses, le cholestérol LDL (le « mauvais » cholestérol) et les lipoprotéines, ainsi que celui de la protéine C-réactive (CRP) – marqueur de l’inflammation -, permettrait de prédire le risque de maladie cardiovasculaire chez une femme 30 ans plus tard.
Pourquoi ces trois marqueurs ? Le cholestérol LDL et les lipoprotéines sont des facteurs de risque de survenue d’athérosclérose, maladie caractérisée par le dépôt d’une plaque composée essentiellement de lipides sur la paroi interne des artères. Quant à la protéine C-réactive, celle-ci joue un rôle important dans l’immunité innée. Les cellules immunitaires s’activent lorsque le corps se défend contre une blessure et une infection, mais aussi lorsque les plaques de graisses s’accumulent dans les artères. « Cela crée un environnement hyperinflammatoire dans lequel la plaque peut se former, grossir ou même se rompre – et provoquer des événements cardiovasculaires », précise dans un communiqué le National institute of health (Etats-Unis) qui a soutenu la présente étude.
Début de l’étude entre 1992 et 1995
Les résultats, présentés lors du congrès de la Société européenne de cardiologie, ont été publiés le 31 août dans The New England journal of medicine. Les chercheurs ont recueilli les échantillons sanguins de 27 939 femmes. Elles ont été suivies pendant 30 ans, ont commencé l’étude en bonne santé, entre 1992 et 1995, à un âge moyen de 55 ans. Parmi elles, 3 662 femmes ont été victimes d’un accident cardiovasculaire majeur – accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, décès lié à une maladie cardiovasculaire… Les chercheurs ont voulu savoir comment et combien de temps auparavant les dosages de la CRP, du cholestérol et de la lipoprotéine prédisaient seuls ou les trois combinés, ces événements.
Ainsi, les femmes ayant les niveaux les plus élevés de cholestérol LDL présentaient un risque associé de maladie cardiaque accru de 36 % par rapport à celles ayant les niveaux les plus bas. Celles ayant les taux les plus élevés de lipoprotéines présentaient un risque associé accru de 33 %, et celles ayant les taux les plus élevés de CRP, un risque associé accru de 70 %.
L’importance de la prévention primaire
Lorsque les trois marqueurs étaient évalués en même temps, les participantes ayant les taux les plus élevés présentaient un risque associé plus de 1,5 fois plus élevé d’accident vasculaire cérébral et trois fois plus élevé de maladie coronarienne par rapport aux femmes ayant les taux les plus bas.
Les résultats de cette étude prouvent qu’il est possible de détecter et surtout de prévenir les maladies et accidents cardiovasculaires bien en amont de l’événement. « Nous ne pouvons pas traiter ce que nous ne mesurons pas, et nous espérons que ces résultats permettront d’identifier des moyens encore plus précoces de détecter et de prévenir les maladies cardiaques », a déclaré le Pr Paul M. Ridker, auteur de l’étude et directeur du Center for Cardiovascular Disease Prevention au Brigham and Women’s Hospital de Boston (Etats-Unis). Pour la prévention, les chercheurs misent sur la prévention primaire : activité physique régulière, alimentation saine, prévention du surpoids/obésité, gestion du stress, pas d’alcool ni de tabac.
A noter : seules les femmes ont été évaluées dans cette étude. Toutefois les chercheurs s’attendent à trouver les mêmes résultats chez les hommes.
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Source : National institute of health - Inflammation, Cholesterol, Lipoprotein(a), and 30-Year Cardiovascular Outcomes in Women, The New England journal of medicine, 31 août 2024
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche