Santé vaginale : le tabou sur les règles met la santé des femmes en péril
10 août 2017
Africa Studio/shutterstock.com
A tous les âges de la vie, les saignements de la femme font encore l’objet d’un tabou. Dans les pays peu développés s’ajoutent des conditions d’hygiène insalubres et un accès limité à l’information médicale. Un réel frein en termes de santé publique.
Au cours d’une vie, les règles surviennent en moyenne pendant 2 400 jours entre l’âge de 12 et 51 ans. A l’échelle d’une journée, 800 millions de jeunes filles et femmes en âge de procréer ont leurs menstruations. Mais les saignements vaginaux ne se limitent pas à cet écoulement naturel et mensuel. Ces derniers « peuvent aussi survenir après un accouchement (hémorragie du post-partum), pendant une fausse-couche », note le Pr Marni Sommer*. Mais également chez les femmes diagnostiquées pour « une endométriose, un polype, un fibrome ou un cancer du col de l’utérus ».
Un manque de propreté et d’information
Malgré ce fréquent rapport au sang dans la vie féminine, le sujet déclenche toujours une gêne sociale. Impression de saleté, fort degré d’intimité… ces motifs multiples sur le plan culturel fragilisent la santé. En effet, « cette culture du silence limite l’existence de sanitaires hygiéniques et l’accès à une eau propre ». Autre impact, une maigre diffusion de l’information dans les écoles, sur internet ou dans les hôpitaux sur la santé gynécologique. Un réel problème quand on sait que « les saignements mensuels, ou ceux liés à la ménopause par exemple, peuvent s’avérer extrêmement douloureux, ou provoquer une grave anémie notamment chez les personnes malnutries ou séropositives ». Sans compter que ces écoulements peuvent révéler de graves pathologies lorsqu’ils sont anormaux.
Sortir les femmes de l’isolement
« Les systèmes de santé et les professionnels du secteur doivent améliorer la sensibilisation des femmes pour leur permettre de distinguer les saignements normaux, des écoulements qui doivent alerter », soulignent les chercheurs. Autre proposition, « mettre en place une base de données nationales permettant à la population concernée de déclarer ses besoins en termes de santé publique, comme la mise en place de campagnes de prévention et l’accès à des sanitaires salubres ».
*associate professor of Sociomedical Sciences at the Mailman School of Public Health (Columbia University’s Mailman School of Public Health)
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Source : British Medical Journal Global Health, le 31 juillet 2017
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet