Contraception : ne ratez pas la première consultation
15 janvier 2013
Tous les contraceptifs hormonaux induisent une augmentation du risque thromboembolique. ©Phovoir
Prendre la pilule pour la première fois – ou toute autre forme de contraception hormonale d’ailleurs- c’est une étape importante dans une vie de femme. Dans l’absolu bien sûr, la prescription de contraception n’est jamais anodine. La polémique sur l’augmentation du risque de thrombose veineuse attribué aux pilules de 3e et 4e générations en est une illustration édifiante. Toutefois, l’importance de cette consultation est encore plus grande lorsqu’il s’agit de la première prescription d’une contraception hormonale. Dans ce cas, elle doit être précédée d’une consultation particulièrement approfondie, que ce soit auprès d’un gynécologue ou d’un généraliste. Le Dr Brigitte Raccah-Tebeka, gynécologue-endocrinologue à l’Hôpital Robert Debré de Paris, nous en décrit les grandes lignes.
Un interrogatoire fouillé
– « Avant tout, il faut essayer de comprendre le fonctionnement de la jeune fille, son environnement familial, scolaire et social. Vit-elle avec ses parents ? Est-elle venue de son plein gré ? Mais aussi, a-t-elle débuté une sexualité active ? Quelles sont ses connaissances en anatomie et en physiologie ? Ces informations permettent au médecin de se familiariser avec la jeune femme et sa vie quotidienne. Il offre aussi la possibilité de mettre en place un climat de confiance entre la patiente et son praticien ;
– « Ensuite, les antécédents familiaux et personnels doivent être passés au crible Le médecin doit notamment s’informer sur les facteurs de risque comme le diabète, le cholestérol, l’HTA, le cancer du sein. Mais aussi les éventuelles thrombophlébites dont auraient pu souffrir ses proches ou elle-même ;
– « Enfin, la jeune patiente doit être interrogée sur sa consommation de tabac, d’alcool et éventuellement d’autres drogues. En outre, les prises médicamenteuses et les pathologies chroniques comme l’épilepsie, doivent être notées. »
Un bilan biologique complet
– « Si la jeune femme est en surpoids, ou s’il y a des antécédents familiaux, un bilan de la glycémie, des triglycérides et du cholestérol doit être demandé ;
– « S’il existe des antécédents personnels ou familiaux de phlébite ou d’embolie pulmonaire, le dépistage d’une anomalie génétique de la coagulation peut aussi être prescrit. »
Un examen clinique adapté
– « L’examen clinique enfin, doit être mené avec beaucoup de sérieux et de douceur. Le poids et la tension seront mesurés. Le calcul éventuel de l’indice de masse corporelle (IMC) et du rapport taille/hanche peut aussi être effectué si l’adolescente présente un surpoids ;
– « Le contrôle de l’état de la peau lui aussi, est impératif. Notamment pour vérifier s’il existe un acné ou une hyperpilosité ;
– « Si l’examen des seins est obligatoire pour toutes les patientes, l’examen gynécologique dépend de la situation de la jeune femme. Si elle n’a pas débuté d’activité sexuelle et ne présente aucun problème de menstruations, il peut être reporté. »
Le choix de la contraception
Suite à cette consultation, « la majorité des jeunes femmes s’orientent vers la pilule », indique Brigitte Raccah-Tebeka. « Cette première contraception n’est prescrite que pour une durée de 3 mois. Ensuite, un nouveau rendez-vous est donné pour faire le point. C’est alors que peuvent être proposées d’autres méthodes contraceptives, si la pilule ne convient pas. Dans tous les cas, un bilan biologique est effectué à ce stade. Enfin, le renouvellement de la pilule n’est jamais anodin. Il faut refaire le point avec la patiente, au moins une fois par an. »
« En matière d’observance, la pilule a longtemps été pointée du doigt. « Si elle était souvent oubliée, elle l’est beaucoup moins aujourd’hui. Notamment grâce aux téléphones portables. Les jeunes filles en effet, programment l’alarme pour y penser. Et ça marche ! »
Pour aller plus loin :
– Consultez la liste des pilules commercialisées en France fournie par l’ANSM ;
– Consultez la fiche de la HAS rappelant les recommandations concernant la prescription des pilules 3e et 4e génération ;
– Lisez le questions/réponses de l’ANSM sur les pilules contraceptives et les risques thromboemboliques.
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet et Marc Gombeaud
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Source : interview du Dr Brigitte Raccah-Tebeka, gynécologue-endocrinologue à l’Hôpital Robert Debré, Paris, 8 janvier 2013